Lors des derniers arbitrages budgétaires de l’Assemblée nationale et du Sénat, le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) a bénéficié du budget record de 290.035.378.937 FCFA pour l’année 2023, contre 260.128634265 FCFA, en 2022, soit un accroissement de 11% par rapport à l’année précédent
Selon le Ministre en charge de ce secteur, les principales missions de son département sont, entre autres, « d’améliorer l’accessibilité à un enseignement supérieur mettant l’accent sur le numérique éducatif, la qualité et la pertinence des formations pour assurer une insertion professionnelle de ses diplômés; assurer les diverses prestations d’œuvres universitaires (bourses, logements, restauration, santé, …) ; orienter la Recherche scientifique et l’Innovation vers l’industrialisation pour participer au développement harmonieux de la Côte d’Ivoire ».
Toutefois, eu égard au taux de chômage et de sous-emploi des diplômés qui ne cesse de gagner de l’ampleur, on est en droit de se demander si ces investissements sont productifs .
En d’autres termes, y a-t-il retour sur investissement? Finalement, les inputs correspondent-ils aux outputs ?
Car pour nécessaires que sont ces actions en faveur de l’éducation tertiaire, tant qu’elles ne produisent pas les résultats escomptés, en termes de rendement et de rentabilité, notamment l’insertion durable des diplômés, elles ne sauraient être pertinentes .
Le retour sur investissement (RSI), parfois simplement appelé rendement, taux de rendement ou rendement du capital investi (RCI), taux de profit désigne « un ratio financier qui mesure le montant d’argent gagné ou perdu, par rapport à la somme initialement investie dans un investissement ». Servant à mesurer la rentabilité d’un investissement, le RSI « aide à comprendre si ce dernier a généré des profits ou des pertes »
On pourrait se demander s’il est approprié d’appliquer ce terme issu du domaine des finances publiques à celui de l’éducation qui relève plutôt de la sphère sociale.
Au regard des notions de gestion rigoureuse, d’évaluation, de responsabilité et de redevabilité qui ont investi la sphère publique au détour des années 90, on peut répondre par l’affirmative.
En réalité, sous l’impulsion des bailleurs de fonds, les gouvernements africains, notamment, sont devenus de plus en plus regardants sur l’utilisation des fonds publics, même dans le domaine socio-humanitaire.
Ainsi, désormais, « ils exigent de plus en plus une évaluation rigoureuse, de façon à être en mesure de justifier que les fonds ont été utilisés de façon efficace » .
En effet, l’éducation a un coût financier énorme car il s’agit d’investir dans les infrastructures et les équipements et de les entretenir, de payer le personnel. Alors, les efforts d’éducation, à l’exemple des intrants doivent produire des extrants adéquats .
En termes pratiques, étant donné les investissements massifs de ces dernières années, on aurait pu s’attendre à ce que la plupart des diplômés décrochent un emploi dans les six ou douze mois après leur diplôme et qu’ils commencent à participer au processus de production et que, par les dépenses à la consommation et la fiscalité à laquelle ils seront assujettis, l’Etat puisse « entrer dans ses fonds ».
Cela dit, comment corriger cette disparité entre la faible productivité et les investissements massifs réalisés dans l’enseignement tertiaire ivoirien?
Pour que les résultats et la productivité de ce secteur soient à la hauteur des efforts d’investissements consentis, il faudrait préparer l’élève et l’étudiant à réaliser ses objectifs, à la fois au plan personnel, professionnel et, partant, au niveau socio-économique, par le biais du développement professionnel à travers des centres de carrière au sein des institutions d’enseignement supérieur .
Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de l’étudiant
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