La consommation d’alcool pendant l’allaitement n’est pas interdite, elle doit toutefois rester occasionnelle et dans des quantités modestes. Voici quelques règles à respecter pour concilier alcool et allaitement sans nuire aux tétées et à la santé de l’enfant.
Est-ce que l’alcool passe dans le lait maternel ?
Oui, l’alcool passe dans le lait maternel. La concentration d’alcool dans le lait maternel serait quasi la même que celle dans le sang. Le pic d’alcool dans le lait survient 30 minutes à 1 heure après ingestion pour ensuite diminuer au même rythme que le taux d’alcool dans le sang. L’alcool ingéré par une femme qui allaite est présent dans le lait maternel pendant 2 à 3 heures après la prise d’un verre standard (soit environ 10 g d’alcool). Cette durée augmente en fonction des quantités ingérées. Plus une femme boit, plus l’alcool restera longtemps dans son lait : l’alcool de deux verres standard est détectable dans le lait pendant 4 à 5 heures, l’alcool de trois verres standard est détectable pendant 6 à 8 heures dans le lait et ainsi de suite.
En revanche, l’alcool ne modifie pas la composition du lait maternel.
Comment connaître la quantité d’alcool dans le lait maternel ?
Outre la quantité ingérée, la concentration d’alcool dans le lait maternel dépend d’autres facteurs :
Le degré d’alcool de la boisson ingérée.
La rapidité avec laquelle l’alcool est ingéré.
Si la prise d’alcool a lieu l’estomac vide ou non. La présence d’aliments dans l’estomac ralentit l’absorption d’alcool, surtout si ces aliments sont riches en graisses.
Le poids de la mère et sa masse grasse.
Quels sont les effets sur l’allaitement ?
Alcool et allaitement : les conséquences
La consommation d’alcool a des conséquences négatives sur la production de lait mais aussi sur le réflexe d’éjection. Une étude1 a montré qu’une dose d’alcool comprise entre 1 et 1,5 g/kg absorbée sur une courte durée bloquait le réflexe d’éjection chez environ 50% des femmes et provoquait une inhibition partielle de ce réflexe chez les autres. Des doses comprises entre 1,5 et 2 g/kg bloquaient le réflexe d’éjection chez 80% des femmes. Des doses supérieures à 2 g/kg entrainaient un blocage total chez 100% des femmes.
Les risques sur la production de lait
Boire de l’alcool pendant l’allaitement a aussi une incidence sur la production de lait. Des scientifiques se sont aperçus que la prise d’alcool réduisait la quantité de lait produite, deux heures après ingestion2 et que les bébés buvaient moins de lait pendant les quatre heures qui suivaient la prise d’alcool par la mère. En revanche, ils en absorbaient davantage entre 8 et 16 heures après cette prise pour compenser. Cette moindre absorption par l’enfant pourrait être liée à une modification du goût du lait par l’alcool et à un réflexe d’éjection perturbé.
Le risque majeur pour les femmes allaitantes qui consomment une grande quantité d’alcool est donc l’engorgement des seins car le lait ne peut pas en sortir.
Quels risques pour le bébé ?
Selon la Haute Autorité de santé (HAS), les enfants exposés à l’alcool par l’intermédiaire du lait maternel ont plus de risques de présenter des troubles du développement psychomoteur par rapport à ceux qui ne le sont pas. Leur sommeil serait aussi perturbé. Une étude3 a montré que le sommeil des enfants était modifié s’ils tétaient une heure après l’ingestion d’une bière ou d’un verre de vin par la mère. Concrètement, ils dormaient moins longtemps durant la période d’observation de 3,5 heures suivant l’exposition au lait maternel contenant de l’alcool.
Comment concilier alcool et allaitement ?
Si vous êtes amenée à consommer de l’alcool alors que vous allaitez, faites-le de façon occasionnelle et buvez des petites quantités. Voici quelques conseils pratiques :
Prévoyez d’allaiter bébé avant de commencer à boire de l’alcool ou tirez votre lait avant si possible.
Attendez au moins deux heures après la prise d’alcool avant de remettre bébé au sein.
Testez votre lait avec un alcootest pour lait maternel pour connaître le taux d’alcool qu’il contient ou bien consultez un tableau qui vous donne le taux d’alcool selon le nombre de verres absorbés et votre poids, ainsi que le temps nécessaire pour l’élimination de l’alcool du lait.
La HAS indique qu’“une consommation d’alcool en quantité modérée (< 0,5 g/kg/j) soit environ 1 à 2 consommations lors d’activités sociales n’est pas contre-indiquée ».
L’Autorité conseille toutefois à la mère qui allaite de “s’abstenir de consommer de l’alcool”.
Pour La Leche League France (association internationale de soutien et d’information à l’allaitement maternel), il n’est pas recommandé de boire de l’alcool de façon régulière pendant l’allaitement. Néanmoins, l’association ne déconseille pas formellement la consommation d’une quantité modeste et/ou occasionnelle d’alcool en raison de l’absence d’arguments réellement fondés concernant sa dangerosité.
YENIAN.NET